Périodes
Les débuts (1901-1908)
Vers le cubisme (1909-1910)
L'épopée cubiste (1911-1914)
Toul (1914-1915)
New-York et Barcelone (1915-1918)
L'Entre-deux-guerres (1918-1939)
Les dernières années (1940-1953)
Fondation Albert Gleizes → Albert Gleizes → Son œuvre
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Paysage, 1902
Huile sur toile
53 x 64 cm
Paris, Fondation Albert Gleizes
Photo Alain Basset
Gleizes commence à peindre en autodidacte autour de 1901 à la manière des impressionnistes. Ses paysages des environs de Courbevoie s'inspirent notamment de Sisley ou de Pissarro. Mais, après quelques années, la pratique assidue du dessin conduit Gleizes à se détourner progressivement de ce style pictural. Entre-temps, l'artiste a participé à l'aventure de l'éphémère "Abbaye de Créteil", petite colonie de littérateurs regroupés autour d'une imprimerie artisanale. Gleizes fait à l'occasion quelques illustrations pour des ouvrages édités par ses amis. Dans ses dessins autonomes, Gleizes marque à partir de 1907 un intérêt soutenu pour le monde du travail et de l'industrie. Témoin de l'industrialisation rapide de la banlieue parisienne, il représente volontiers l'activité des mariniers des bords de la Seine, dans un esprit à la fois naturaliste et symboliste. Parallèlement, l'usage du lavis d'encre brune étendu au pinceau fait évoluer le style de l'artiste vers un rendu plus synthétique. Les rares tableaux peints par Gleizes en 1908 manifestent un intérêt nouveau pour la couleur et trahissent même l'influence passagère du fauvisme.
En dehors de quelques portraits, où il prend volontiers pour modèles des écrivains, anciens membres comme lui de l'Abbaye de Créteil, Gleizes continue à montrer sa prédilection pour le paysage. Durant l'été 1909, un séjour au cœur des Pyrénées lui donne l'occasion de se convertir à un style linéaire et dépouillé, proche de celui du peintre Henri Le Fauconnier. Gleizes ramène ainsi de Bagnères-de-Bigorre des lavis dont les épais tracés confèrent aux paysages montagneux de cette région le schématisme de cartons de vitraux. A partir de 1910, Gleizes adopte, toujours à l'exemple de Le Fauconnier, un style plus analytique qui le conduit à décomposer les formes en multiples facettes au coloris atténué.
Au salon des Indépendants de 1911, où Gleizes expose un nu masculin et Femme aux phlox, ses œuvres, ainsi que celles de Metzinger, Le Fauconnier, Léger et Delaunay réunies dans la même salle 41, suscitent la violente incompréhension des visiteurs. A l'occasion de ce scandale mémorable, le public parisien découvre le cubisme, dont la formule a pourtant été élaborée par Braque et Picasso depuis quelques années. Dans un premier temps, Gleizes tente de concilier traitement cubiste et tradition. Si Cathédrale suggère le rattachement du cubisme à l'art médiéval, Les Baigneuses fait appel à la tradition classique du nu idéal, transporté dans un paysage où fument désormais des cheminées d'usines.
En s'inspirant des théories du philosophe Henri Bergson, Gleizes cherche à partir de 1912 à appréhender "l'objet, non plus considéré d'un point déterminé, mais définitivement reconstruit suivant un choix successif que [s]on propre mouvement [lui] permet de découvrir." Cette technique est poussée à un haut degré de complexité dans le monumental Dépiquage des moissons, paysage austère où semblent se mêler symboliquement les actions et les lieux. Cette œuvre ambitieuse, l'un des plus grands tableaux de l'histoire du cubisme, figure en bonne place au Salon de la Section d'Or, important rassemblement de la plupart des artistes progressistes en octobre 1912. Dans le domaine du portrait, L'Editeur Eugène Figuière constitue autant un manifeste de la "simultanéité en peinture" qu'un hommage à l'éditeur de Du "Cubisme", premier ouvrage sur le cubisme, publié par Gleizes et Metzinger en 1912. Avec Les Joueurs de football, Gleizes représente un sport collectif d'importation récente, le rugby (encore appelé football à cette époque), qui inspire au même moment à Robert Delaunay son Equipe de Cardiff . C'est sans doute sous l'influence de ce dernier que Gleizes à la veille de la guerre recourt progressivement à des tonalités plus vives. Cette évolution culmine avec le Paysage près de Montreuil, où commencent à se manifester des tendances abstraites.
Au début de la Première guerre mondiale, mobilisé à Toul en Lorraine, Gleizes produit dans des conditions matérielles précaires des gouaches et de petites encres, où il aborde l'abstraction en précurseur. Gleizes fait aussi des portraits, comme celui du médecin-major de la compagnie, le docteur Lambert. Ce tableau, le seul peint par l'artiste à Toul, adapte la composition de L'Editeur Figuière tout en faisant appel à de larges plans de couleurs sourdes mis en mouvement. Durant cette période, Gleizes collabore aussi avec Jean Cocteau, resté à Paris : il participe à la revue patriotique lancée par le poète, Le Mot, qui publie son "Retour de Bois-le-Prêtre", inspiré par la vision accablante d'un groupe de soldats blessés revenant du front. A la demande de Cocteau, Gleizes prépare aussi des maquettes de costumes pour une adaptation réactualisée du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare. Ce spectacle que Cocteau voulait monter au cirque Médrano devait mêler clowns et acteurs du conflit en cours. Les fonds colorés de ces dessins correspondent aux projections lumineuses qui auraient constitué les seuls décors du spectacle, si celui-ci avait vu le jour. Le Songe, dont Erik Satie devait composer en partie la musique, préfigure Parade, le fameux ballet pour lequel Cocteau s'associera à Picasso, Satie et Massine en 1917.
Durant sa période américaine, Gleizes aborde de nouveaux sujets. Saisi par le gigantisme de la métropole américaine, il se met à représenter les gratte-ciel, le pont suspendu de Brooklyn ou encore les publicités lumineuses de Broadway. Les effets de superpositions dynamiques que Gleizes s'autorise semblent faire écho aux rythmes syncopés du jazz, auquel l'artiste a été initié dès son arrivée à New York. Certaines œuvres conçues à Toul, comme le portrait du compositeur Florent Schmitt ou celui de Juliette Roche, trouvent leur réalisation picturale dans l'atelier new-yorkais de l'artiste. A Barcelone, où il passe quelques mois en 1916, Gleizes aborde tout naturellement des thèmes espagnols, comme celui des danseuses, mais aussi celui du cirque, sous l'influence probable de Jean Cocteau, dont il fait alors un étonnant portrait. Le retour vers New York permet à l'artiste de faire escale aux Bermudes, où il peint quelques paysages.
Après la Première guerre mondiale, le style d'Albert Gleizes évolue de façon très sensible. Usant désormais d'aplats de couleurs plus ou moins géométriques, l'artiste alterne compositions purement abstraites et figurations allusives. Ressentant la nécessité de soumettre sa pratique artistique à des lois, Gleizes isole bientôt "deux caractères à son activité plastique qui permettent au plan du tableau de se morceler sans se dénaturer organiquement", ce sont les "translations" et les "rotations" de plans colorés qui déterminent l'avènement du "tableau-objet". Au milieu des années 20, Gleizes s'attache à rendre plus complexe l'organisation du tableau en délimitant sur une même toile, souvent de grand format, plusieurs compartiments, qu'il tentera de relier entre eux par de larges cercles gris au début des années 30. Aisément adaptables à une échelle monumentale, ces compositions conduisent Gleizes à envisager la réalisation de décors liés à l'architecture. Après l'échec d'un projet pour l'Ecole de Pharmacie à Paris, le marchand Léonce Rosenberg lui confie en 1930 la décoration d'une chambre de son appartement parisien. Après avoir renoué le dialogue artistique avec Robert Delaunay, Gleizes participe au Salon des Tuileries de 1938 en concevant deux décors monumentaux sur le thème de la "figure dans l'arc-en-ciel". Ce thème fait l'objet de plusieurs variations importantes dans son œuvre.
Durant la Seconde guerre mondiale, Albert Gleizes, très marqué par le conflit, aborde des sujets plus austères, dont la majesté est renforcée par le choix de formats monumentaux. Gleizes tente de renouveler l'art sacré en s'inspirant des peintures byzantines ou médiévales auxquelles il s'intéresse de près. Pour ce faire, il use d'un vocabulaire plastique associant éléments graphiques évocateurs et plages colorées abstraites. La distribution simplifiée des couleurs, qui viennent contredire la relative sévérité des sujets, évoque la technique, familière à l'artiste, du pochoir. Parallèlement, le cycle des Supports de contemplation semble favoriser l'expression d'une ferveur mystique sans le soutien d'une iconographie religieuse explicite. Scandées par des éléments mobiles qui trouvent leurs origines dans les "rotations", ces compositions invitent à une véritable dynamique du regard. Dans une ultime période, Gleizes explore le thème des Arabesques, où se fait jour une inspiration plus libre dont témoignent notamment ses illustrations pour les Pensées de Pascal, son testament artistique.
Paysage, 1902
Huile sur toile
53 x 64 cm
Paris, Fondation Albert Gleizes
Photo Alain Basset
Projet de couverture pour L'Âme essentielle de René Arcos, vers 1907
Crayon, gouache et lavis d'encre sur papier
36,4 x 25,4 cm
Paris, Fondation Albert Gleizes
Photo Alain Basset
Nuages bas dans la montagne (Bagnères-de-Bigorre)
1908
Fusain et craie blanche sur papier collé en plein
24,3 x 30,7 cm
Paris, Centre Georges Pompidou / Musée national d'Art moderne
Péniches et fumées à Courbevoie, 1908
Crayon, lavis d'encre brune rehaussée de gouache blanche sur papier collé sur carton
23 x 32,5 cm
Paris, Fondation Albert Gleizes
L'Ecluse de Suresnes, 1908
Crayon, lavis d'encre noire rehaussée de gouache grise sur carton
31,1 x 41 cm
Suresnes, musée d'Histoire urbaine et sociale
Jour de marché à Bagnères-de-Bigorre, 1908
Huile sur toile
60 x 73 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts
Photo Alain Basset
Paysage des Pyrénées, 1909
Crayon et lavis d'encre noire sur carton
47,5 x 34,6 cm
Paris, Fondation Albert Gleizes
Paris, les quais, 1908
Crayon et lavis d'encre noire sur carton
30,3 x 42 cm
France, collection particulière
Les Bords de la Marne, 1909
Huile sur toile
54 x 65 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts
Photo Alain Basset
René Arcos, 1910
Huile sur toile
60,3 x 38,3 cm
Paris, Fondation Albert Gleizes
Paysage, 1910
Crayon et lavis d'encre sur papier
34 x 42,2 cm
Saint-Rémy-de-Provence, Espace Van Gogh
Les Baigneuses,1912
Huile sur toile
105 x 171 cm
Paris, musée d'Art moderne de la Ville
Cathédrale, 1912
Huile sur toile
73,6 x 60,3 cm
Hanovre, Sprengel Museum
Le Chemin, Meudon, 1911
Huile sur toile
147 x 115 cm
Collection particulière
Femme aux phlox, 1910
Huile sur toile
81 x 100 cm
Houston, The Museum of Fine Arts
Esther Florence Whinery Foundation
Le Dépiquage des moissons, 1912
Huile sur toile
269 x 353 cm
Tokyo, musée national d'Art occidental
Les Joueurs de foot-ball, 1912-1913
Huile sur toile
226 x 183 cm
Washington, National Gallery of Art
Alisa Mellon Bruce Fund
L'Editeur Eugène Figuière, 1913
Huile sur toile
143,5 x 101,5 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts
© Lyon MBA / Photo Alain Basset
Paysage près de Montreuil, 1914
Huile sur toile
73 x 92,5 cm
Sarrebrück, Saarland-Museum
Retour, 1915
Illustration parue dans Le Mot du 1er juillet 1915
39 x 50 cm
Photo Alain Basset
Nature morte, 1915
Gouache sur papier
19,5 x 25 cm
Collection particulière
Photo Alain Basset
Sans titre, 1914
Encre et rehauts de gouache sur papier collé sur carton
20 x 25 cm
Collection particulière
Photo Alain Basset
Portrait d'un médecin militaire, 1914
Huile sur toile
120 x 95 cm
New York, Solomon R. Guggenheim Museum
Don Solomon R. Guggenheim, 1937
Le Lion
Étude de costume pour Le Songe d'une nuit d'été, 1914
Aquarelle, gouache et encre brune sur papier
27 x 21,1 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts
Photo Alain Basset
Thésée
Etude de costume pour Le Songe d'une nuit d'été, 1914
Crayon, aquarelle, gouache et encre brune sur papier
35 x 21,4 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts
Photo Alain Basset
Sur une danseuse espagnole, 1916
Huile et sable sur carton
101 x 76,5 cm
New York, Solomon R. Guggenheim Museum
Broadway, 1915
Huile et gouache sur carton
101,8 x 76,5 cm
New York, Solomon R. Guggenheim Museum
Brooklin Bridge, 1915
Crayon, encre noire, lavis, aquarelle et gouache sur papier calque collé sur carton
25 x 19 cm
Collection particulière
Brooklin Bridge, 1915
Huile et technique mixte sur toile
102 x 102 cm
New York, Solomon R. Guggenheim Museum
Sur des clowns, 1917
Huile et sable sur toile
103 x 76 cm
Paris, musée d'Art moderne de la Ville
Le Chant de guerre. Portrait de Florent Schmitt, 1915
Huile sur toile
101 x 101 cm
Paris, Centre Georges Pompidou / Musée national d'Art moderne
La Parisienne (Juliette Roche), 1915
Huile sur toile
62 x 37 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts
Photo Alain Basset
Paysage des Bermudes, 1917
Huile sur carton
92 x 73 cm
Paris, Centre Georges Pompidou / Musée national d'Art moderne
Portrait de Jean Cocteau, 1916
Huile et plâtre sur toile
116 x 80 cm
Fundación Telefónica
Espagnoles à l'éventail, 1916
Huile sur toile
92 x 73 cm
Collection particulière
Le Centre noir, 1925
Huile sur toile
2,685 x 3,540 m
Lyon, musée des Beaux-Arts
Photo Alain Basset
Panneau destiné au décor de la chambre de Jacqueline Rosenberg, 1930-1931
Huile sur toile
115 x 90 cm
Paris, Centre Georges Pompidou / Musée national d'Art moderne
Composition octogonale, vers 1922
Huile sur toile
89,5 x 69,5 cm
Collection particulière
Composition octogonale, vers 1922
Huile sur toile
89,5 x 69,5 cm
Collection particulière
Peinture pour une gare (Moscou), 1920
Huile sur toile
357 x 276 cm
Musée de Grenoble
Figure en gloire, 1938
Gouache sur carton
37 x 45 cm
Saint-Rémy-de-Provence, Centre d'Art Espace Van Gogh
Les Musiciens, 1920
Huile sur toile
119,3 x 94 cm
Collection particulière
Peinture à sept éléments, 1924-1934
Huile sur toile
261 x 181 cm
Paris, Centre Georges Pompidou / Musée national d'Art moderne
Support de contemplation, 1932-1934
Huile sur toile
141 x 111 cm
Menton, musée des Beaux-Arts
Terre et Ciel, vers 1935
Huile sur toile
136 x 136 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts
Photo Alain Basset
Arabesque, 1951
Encre noire sur papier
17,5 x 12,5 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts
Photo Alain Basset
Arabesque, vers 1953
Huile sur isorel
76 x 60 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts
Photo Alain Basset
Arabesque, dit aussi Libellule, vers 1952
Huile sur toile
80 x 57 cm
Paris, Fondation Albert Gleizes
Contemplation, 1944
Gouache sur carton
8,4 x 14,3 cm
Paris, Fondation Albert Gleizes
Autorité spirituelle et pouvoir temporel, 1939-1940
Huile sur toile
3,360 x 2,030 m
Lyon, musée des Beaux-Arts
Photo Alain Basset
Pour l'esprit - Les Verts, 1939
huile sur toile
183 x 148 cm
Collection particulière
Pour la contemplation, 1942
Huile sur toile
217 x 132 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts
Photo Alain Basset